L'histoire d'un amour absolu, la recherche d'une femme chinoise diplômée, Wen, des années durant, pour retrouver son mari. Son obsession la mène au Tibet dans une région solitaire et magnifique, auprès d'une famille de nomades près desquels elle apprend laborieusement des règles différentes de ce qu'elle connaissait. Chez les Tibétains, les moulins à prière sont omniprésents, les hommes cousent, l'orge grillée est de mise, les vêtements vivement colorés. Coupée du monde, Wen perd la notion de temps et d'espace, étrangère aux effets de la Révolution culturelle de son pays d'origine et aux conflits entre Chinois et Tibétains, elle ne voit pas sa peau se buriner ni ses mains devenir calleuses. Dans ce roman issu d'une histoire véridique, Xinran offre le portrait en demi-teinte de deux femmes-courage, Wen et Zhuoma, autre écorchée de la vie, qui permet de mieux appréhender la condition féminine au Tibet au XXème siècle.
Les avis du groupe sont partagés car en dépit de la beauté de l'histoire, scandée par la rengaine d'une chanson douce, ou de l'immersion dans une façon de vivre si éloignée de notre quotidien, l'écriture est journalistique et sans éclat, le statut de martyr du mari de Wen lors des Funérailles célestes tibétaines - qui consistent à désosser les membres afin de les offrir aux vautours sacrés - peut rendre sceptique, Xinran ne prend pas position face aux conflits et les Chinois sont présentés comme des pacificateurs, osmose angélique et improbable. Cette quête anachronique empreinte de mysticisme a déçu les unes alors qu’elle a enchanté les autres.
Groupe Renaissance (novembre 2012)